[Novel] NO.6 BEYOND - Ch 1 (b)
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Qu'est-ce-que c'est ? Quelqu'un vit ici ?
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Il renifla encore une fois. Et encore une fois, il ne sentit rien de particulier. Inukashi descendit de l'armoire la petite boîte d'argent. Il en retira le couvercle.
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A sa surprise, il laissa s'échapper un petit sifflement.
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Oh, je vois. C'est un plutôt joli trésor. J'ai mis la main sur un bon butin.
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La boîte s'avéra être une trousse de secours ; des pansements, des pinces, de la gaze, et bon nombre de médicaments rangés soigneusement dedans. Il y avait même un scalpel. Cela semblait provenir de no. 6. Inukashi n'avait aucune idée de comment cela avait atterit ici. Et il n'avait pas l'intention de se pencher sur la question, non plus. Il n'avait que faire de l'histoire et du voyage de cette boîte. Ce qui importait, c'était qu'elle était désormais entre ses mains. C'était tout.
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Les items médicaux en tous genres étaient très convoités dans le Bloc Ouest. Le désinfectant, notamment, se vendait à bon prix. Parfois, une petite bouteille de désinfectant pouvait monter jusqu'à deux pièces d'argent.
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Inukashi en approcha son nez.
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C'est du 100% pur, sans additifs - du bon. Voyez comme ça picote au nez. Heh, oubliez l'argent - ça devrait même bien valoir de l'or avec un peu de chance. J'ai fait une bonne trouvaille. Le vent a finalement tourné en ma faveur.
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Inukashi se souri à lui même tandis qu'il refermait la boîte. Puis il remarqua une petite table couverte de livres.
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En son sommet se trouvait une petite souris. Ce n'était pas vivant. Cela avait beau être excellemment fait, c'était néanmoins clairement fait de mains humaines. inukashi se pencha en avant, en serrant la boîte. La souris se releva sur ses pattes arrières, révélant un intérieur complex.
Un robot ?
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Inukashi s'apprêtait à se pencher un peu plus quand il ressentit un violent frisson. Tout son dos se recouvrit de chair de poule.
"Ne bouge pas", lui dit la voix à son oreille. Cette fois, tous ses poils s'hérissèrent d'un coup. Ce n'était pas dû au couteau pressé contre sa nuque. Mais parce que la voix était dénuée de toute chaleur. Comme si toutes les émotions y avaient gelé. Et il lui sembla que ses propres émotions frissonnèrent.
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C'était la voix d'un meurtrier.
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C'était la voix de quelqu'un qui pouvait prendre une vie humaine sans hésitation, sans aucune trace d'émotion.
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Et, en plus de ça, ce gars est arrivé derrière moi.
Si Inukashi pouvait parier sur quelque chose, c'était sa capacité à ressentir la présence d'autrui. Son sixième sens était aussi bon que celui d'un chien. Plus une personne était émotionnelle, plus Inukashi pouvait sentir sa présence contre sa peau. Grâce à cette capacité, il avait été capable d'échapper maintes fois au danger. Mais cette fois, il n'avait rien ressenti. Il n'était même pas en mesure de discerner une once d'émotion provenant de la personne se trouvant dans son dos.
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Peut être qu'il n'est pas humain? Un homme mort revenu du fin fond des Enfers? Un démon?
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Ses dents refusaient de se calmer. Ses molaires claquaient l'une contre l'autre, produisant un son étrangement mécanique. L'écho parvenait jusqu'au fond de ses oreilles.
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Click - Click. Click - Click.
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Click - Click. Click - Click.
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Inukashi serra les dents, et contracta son ventre.
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"A-attends une minute. J'étais juste..."
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"Repose la boîte."
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"T-très bien, très bien ! Je vais faire ce que tu dis." Tremblant, Inukashi replaça la boîte sur l'étagère.
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"Voi... voilà. Je l'ai rendue. C'est suffisant, n'est ce pas?"
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"Suffisant? Tu te fiches de moi?"
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Le couteau s'avança très légèrement. Il ressentit une douleur cinglante, et dû étouffer un cri qui s'apprêtait à lui déchirer la gorge. Tout son corps transpirait.
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"Les voleurs sont condamnés à mourir, ici. Tu devrais n'avoir aucune plainte à ce propos."
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"O-oui, mais tu vois, j'peux pas me plaindre si je me suis fais tuer, hein? H-hey, je vis dans les ruines, au fait... Tu connais? C'est à l'autre bout d'ici, les ruines d'un hôtel. C'est mon chez moi. J'y vis avec mes chiens. Mon nom est... uh, bah, je n'ai pas de nom, mais tu vois - qui a besoin d'un nom dans un endroit comme ça, hein? Les gens m'appellent Inukashi- le maître des chiens. Les chiens font parti de mon business. Ha ha, mais qui ça intéresse, mon nom, hein? Je l'apprécie, ceci étant dis. Ha ha. Donc mh, si tu veux m'appeller par mon nom, c'est Inukashi."
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Inukashi continuait de parler. Parce qu'il ressentait que si il fermait la bouche, sa gorge serait tranchée dans le silence qu'il s'ensuivrait.
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"Hey, allez. J't'en pris. J'm'excuse, donc tu voudrais pas me pardonner? S'il te plaît? Je suis désolé. J'le ferai plus", tentait-il d'implorer pathétiquement. "Ne me tues pas. Je t'en supplies. Aide moi, s'il te plaît. Je... je ne veux pas encore mourir. Je ne veux vraiment pas mourir. Je suis désolé, vraiment désolé. Je ne toucherai plus jamais à tes affaires. Promis. Donc s'il te plaît, juste, ne me tues pas."
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Inukashi ne jouait pas la comédie. Il priait honnêtement pour sa vie.
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Ne me tues pas, s'il te plaît. Laisse moi partir.
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S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît.
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Le couteau s'enleva. Soudainement, sa nuque lui paraissait bien plus légère. Inukashi laissa s'échapper une longue expiration. Les muscles de sa nuque lui faisait mal, probablement car ils étaient tendus tout ce temps. Et la blessure le fit tiquer quand il y pressa sa main, mais aucun sang n'en coula.
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L'utilisateur du couteau avait fait une légère coupure, juste suffisante pour trancher la première couche de peau, pour glacer de peur la victime. Pas assez pour que cela saigne, juste suffisante pour faire ressentir de la douleur.
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Je le savais. Le gars derrière moi n'est pas humain. Soit un zombie, soit un démon...
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Inukashi se retourna lentement, sa main toujours contre sa nuque. En vérité, il ne voulait pas se retourner. Il voulait s'enfuir de suite. Mais ses pieds hésitaient ; il eut la sensation que le moment où il commencerait à courir, un couteau serait enfoncé profondément dans son dos.
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Il se tourna donc lentement, très lentement.
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Huh?
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Il ne put s'empêcher de cligner des yeux. Et il savait que sa bouche pendait ouverte.
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La figure en face de lui n'était ni celle d'un zombie, ni d'un démon. C'était un garçon portant un tee-shirt banal. C'aurait pu être une fille. Mais non, c'était un garçon ; une fille ne pouvait pas produire une voix aussi glaciale. Juste un garçon qui ressemblait à une fille.
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Le garçon avait des cheveux qui lui arrivaient jusqu'aux épaules, et qui lui cachaient le front. Son visage, petit et blanc, était étrangement très bien proportionné. Inukashi s'était imaginé que ses yeux seraient emplis d'envie meurtrière ; mais loin de là, ils étaient sereins, et insondables.
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Et leur couleur était singulière.
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Un élégant gris sombre. C'était bien la première fois qu'Inukashi voyait une telle couleur.
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Le garçon était plus grand qu'Inukashi, mais il figura que leur âge devait être approximativement le même. Bien qu'Inukashi n'était pas certain de son propre âge.
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Le garçon rangea son couteau, une expression toujours des plus vides fichée sur son visage. Inukashi ressentit un grand soulagement. Puis, une irritation envers lui même pour s'être senti soulagé.
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Je me suis fait menacé par ce gamin? Il se retenait de claquer sa langue de frustration. Tch, ça va peser sur ma conscience.
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"Tu aurais pu choisir un meilleur pull." Inukashi affichait un petit rictus, tenant le bout de son menton d'une main. Il souhairait paraître tranquille et imperturbable. "Mais la qualité paraît pas mal. Pas quelque chose que l'on pourrait trouver dans le Block Ouest."
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"C'est parce qu'il est emprunté."
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"Emprunté? Et où est-ce-que tu l'as emprunté, huh? Me dis pas que tu l'as eu de No.6."
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C'était censé être une blague, mais une fois qu'il l'eut dit, il eut l'impression que c'était la seule possibilité. Il était évident dès le premier regard que la qualité du pull était supérieure. Il paraissait doux au toucher, chaud, et durable. La trousse de secours qu'il avait reposé sur l'étagère, était un produit de l'intérieur des murs, pas de doutes.
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"Mais bon sang, t'es qui? Me dis pas que tu viens de-" Inukashi s'interrompu. Il venait de voir le garçon sortir de sa poche un morceau de viande séchée et en croquer l'extrémité.
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"Hey... me dis pas que c'est..." Inukashi fouilla son sac, qui lui pendait au niveau de sa hanche. Il était vide. Il avait très certainement mit la viande ici, mais elle n'y était pas.
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"Je la prend", dit le garçon. "En guise de compensation pour ton vol."
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"N-n'importe quoi ! C'est qui le voleur, maintenant? Rend la, c'est ma viande ! Rend la !"
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Heh. Le garçon rit. Son sourire paraissait aussi innocent qu'insouciant.
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"Tu veux essayer de le reprendre par la force, Inukashi?"
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"Gh..." Inukashi se mordit la lèvre. Ce n'était pas quelqu'un contre qui il pouvait gagner en face à face - son instinct le lui disait.
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Fait chier, j'aurai dû ramener mes chiens. Si je les avais avec moi, j'aurai pu me débarrasser de lui en un coup.
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Mais ses chiens n'étaient pas là. Inukashi était seul.
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"...Bien. Garde la."
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"Ça c'est un bon garçon. Tu dois savoir quand écouter, ça t'aidera à vivre plus longtemps."
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"Merde, arrête de te moquer de moi !" Tu verras. J'aurai ma revanche.
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Inukashi recula jusqu'à la porte. Il saisit la poignée. Nul besoin de rester ici plus que nécessaire.
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Le garçon s'assied sur une pile de livres et se tut. Seul son regard était fixé sur Inukashi. Chacun de ses mouvements étaient cernés par ce regard. Ses membres se raidirent, et refusèrent de bouger fluidement.
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"...qu'est-ce-que tu es, au juste..?" Il réitéra sa question d'il y a quelques instants. Cette fois ci, plus sérieusement. "Tu vis ici?"
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"Ouais."
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Il ne s'attendait pas à une réponse.
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"Seul?"
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"Ouais."
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"Cette maison a été abandonnée depuis un bail. Y avait personne depuis des années- au moins, c'est ce qui était supposé être le cas. D'où tu viens? Et pourquoi t'as un pull et une trousse d'urgence qui viennent clairement de No.6? Oh, et ce jouet souris- c'est quoi? On dirait un robot. Me dis pas que tu l'as construit?"
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Inukashi savait qu'il devait s'enfuir au plus vite, mais sa bouche continuait de bouger. Question après question s'échappaient de ses lèvres.
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"Tu parles beaucoup, hein? J'suis surpris que tu te sois pas encore mordu la langue a parler autant." Le garçon secoua la tête. Un sourire amusé passa sur son visage.
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Inukashi se trouvait presque attiré par lui. Son cœur se mit à battre plus rapidement.
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Ce gars est dangereux. Plus encore qu'un meurtrier, et bien plus tracassant aussi. C'était encore son instinct. Et il était sûr d'être en plein dans le mile.
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T'occupes pas de lui. Pars d'ici, et ne reviens plus jamais- un avertissement résonnait dans ses oreilles. Inukashi aurait habituellement obéit promptement, mais cette fois il l'ignora et continua de questionner le garçon.
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"C'est quoi ton nom?"
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Le garçon releva très légèrement sa tête. "Nezumi."
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Son nom, donné rapidement alors qu'il ne s'y attendait pas, semblait peu commun pour un humain.
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"C'est quel genre de nom, au juste? C'est ton vrai nom?"
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"Tu pourrais dire la même chose du tiens, Maître des chiens. C'est pas un nom, pour sûr."
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"Hmph... c'est pas faux. Nezumi, huh. Au moins c'est facile à mémoriser."
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"Donc tu comptes le mémoriser?"
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"Erm... ben..." Inukashi eut l'impression qu'il se jouait de lui. S'il ne se rattrapait pas bientôt, il jouerait pile entre les mains de Nezumi. Comme un insecte emprisonné dans une toile d'araignée, il serait immobilisé et éventuellement il s'atrophierait.
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Danger, danger, danger.
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"Bon, à plus, Nezumi. On se reverra peut-être, avec de la chance."
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"Avec de la chance."
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Que la chance aille se faire voir. Je ferai bien en sorte de jamais revoir ta tête.
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Inukashi glissa sa main derrière lui pour ouvrir la porte, et il passa la porte. Dès qu'il fut dehors, il sprinta les escaliers aussi vite qu'il put. Ses pieds s'arrêtèrent en pleine course. En gros à la moitié des escaliers, Inukashi se retourna. Il pouvait voir la porte rouillée.
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"Nezumi, huh", murmura-t-il.
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Est-ce-que je m'en sortirai vraiment de manière à ne jamais le revoir?
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Avec de la chance.
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La réplique qu'il avait entendu seulement quelques instants auparavant résonnait encore dans sa tête.
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Avec de la chance.
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On se reverra sûrement. Il eut une soudaine impression. C'était même plus proche d'une forte croyance. Désormais, il verrait ce garçon de temps à autre. Ils formeraient une connexion.
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Son corps voulu reculer, de dégoût. Mais au fond de ce dégoût se cachait autre chose d'un peu plus tendre. Il le souffla de plus belle.
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"Nezumi, huh."
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"Tu m'as appelé?"
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Il entendit une voix quelque peu rauque.
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Huh?
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"Tu m'as appelé, Inukashi?"
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Il ouvrit les yeux. C'était éblouissant.
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Sa chambre, coincée dans un coin des ruines, était remplie de lumière. Derrière la vitre de la fenêtre il pouvait voir le ciel bleu percer au travers des nuages.
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Le bleu pénétra ses rétines.
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Nezumi observait son visage. Leurs yeux se rencontrèrent. Ses yeux étaient du même élégant gris sombre qu'à leur première rencontre.
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"...Qu'est-ce... que tu fais là..?"
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"Huh? C'est quoi cette réaction? T'es celui qui m'a appelé. Utilisant ce gars comme messager, tu t'en souviens?" Un chien marron remua sa queue à côté de Nezumi.
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"A... Appelé? Toi? Psh, bien sûr que non. Celui que j'appelais..."
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"T'appelais qui alors?"
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"Je..."
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"Inukashi, tu es réveillé?" Une tête à la tignasse blanche apparu de derrière Nezumi.
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"Shion."
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"Yep, c'est moi. T'as dû souffrir. C'est okay maintenant. On va te guérir en moins de deux." Shion sourit.
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Inukashi sentit les larmes lui monter. Il se stoppa à temps, prêt à se jeter sur Shion et à pleurer à chaudes larmes.
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Shion, j'ai eu peur. J'ai cru que j'allais mourir. J'étais effrayé, seul, et je ne savais pas quoi faire. Donc je t'ai appelé.
"Tiens, bois ça." Shion lui tendait un bol ébréché. Qui contenait un liquide épais, vert. L'odeur horrible semblable à une ordure piqua son nez.
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"Qu'est-ce-que..."
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"C'est une herbe médicinale. J'ai trouvé un livre sur la médecine orientale dans la bibliothèque de Nezumi, et je me suis dis que j'allais l'essayer. J'ai cherché dans les bois et trouvé pas mal de choses. Ça va t'aider à apaiser tes nausées, et ça t'aidera aussi à guérir ta fatigue."
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"...Huh? Orientale?"
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"C'est un type de médecine qui était transmise dans l'Est. Le livre dit que c'est supposé améliorer les capacités de récupération. Aller, essaie juste."
"Pince ton nez. Ça devrait être supportable", dit Nezumi. Inukashi pinça son nez comme conseillé, et avala la boisson en une gorgée. Il ne pensa pas que c'était si mauvais. L'amertume qui passait dans sa gorge sembla lui donner de la force. Il laissa s'échapper un long soupire.
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Ils sont vraiment venus pour moi. Ils ont reçu mon SOS. Je les ai supplié sans rien offrir en retour.
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Shion plaça une main sur le font d'Inukashi. C'était frais et apaisant.
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"Tu ferais mieux de rester alité un moment. Ce n'est pas non plus une pneumonie, mais un gros rhume. Et de l'anémie, en plus-"
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"Si je suis coincé au lit, mes chiens vont mourir de faim."
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"On va s'en occuper. Je m'occuperai de l'hôtel, et Nezumi de la nourriture. Okay?"
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Nezumi haussa légèrement les épaules. "Sûr, je peux m'en occuper. Mais tu as une dette envers moi, Inukashi. Et avec les intérêts."
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Inukashi parvînt à esquisser un fin sourire. La remarque de Nezumi, qui lui aurait parut irritante en temps normal, lui paraissait presque gentille sur le coup.
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'Doit y avoir quelque chose qui cloche avec moi. Si je pleure maintenant, qui sait comment il s'en servira pour se moquer de moi après. Quitte à pleurer, ce doit être quand seul Shion sera présent. Retenez-vous. Larmes, ne coulez pas."
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"Dis, Inukashi." Shion souria d'autant plus gentiment. "Je ne pense pas que tu ais besoin de te soucier de ton rhume pour l'instant, au vu de ta force physique. Mais la blessure sur ton orteil est une autre histoire."
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"Orteil? Oh, le gros doigt de pied droit, non? Il me fait mal depuis un moment." Inukashi se blessait tout le temps. A moins que ce ne soit une blessure grave, il se contentait de la lécher.
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"Ça va s'infecter", fit remarquer Shion. "Si tu le laisse comme ça, il y aura du pus, et tu ne pourras sûrement plus marcher. Donc-"
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"Donc?"
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"Tu vas avec besoin d'une opération."
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Shion sortit la trousse d'urgence de ses souvenirs. Elle ne semblait pas différente de quand Inukashi l'avait vu la première fois.
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"Shion, uh, qu'est-ce-que tu..?"
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"Je vais ouvrir la blessure, extraire le pus, désinfecter, puis recoudre. Tout simplement. Ce sera fini en un instant."
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Shion portait déjà des gants, et tenait un scalpel. Un petit couteau d'argent, aiguisé à la perfection. Inukashi sentit un frisson lui parcourir le dos.
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"Ou-ouvrir..? Attends, attends une seconde, Shion. Stop. E-et les anesthésiants? Ou, un gaz somnifère?"
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"Je n'ai ni l'un ni l'autre."
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"Qu'est-ce-que tu veux dire, tu n'en as pas-"
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"Tout va bien. Je ferai vite. Désolé, Nezumi, tu peux tenir Inukashi? Prend bien soin à ce qu'il ne bouge pas."
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"Compris."
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Nezumi maintient les hanches d'Inukashi de ses deux mains. Toute la partie basse du corps d'Inukashi était immobilisée.
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"J'pense que c'est nouveau pour toi, Inukashi", dit Nezumi d'un ton très provocateur. "Mais Shion adore recoudre les gens. Il a beau avoir l'air innocent, c'est un vrai sadique."
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"Que- arrête !" cria Inukashi. "J'ai peur ! Au secours !" C'était désormais trop pour Inukashi que d'avoir l'air brave. Il était presque en larmes.
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"Calme toi", ordonna Nezumi d'un air irrité. "Ecoute ce qu'il te dit. D'ailleurs, même moi je peux voir que cette blessure est sérieuse. Elle pourrait même menacer ta vie si tu ne la soignes pas. Je sais que Shion ne l'a pas pas dit directement, mais ça pourrait même être la cause de ta maladie."
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"Je me moque de ce qui en est la cause. Ça fait mal ! Stop", se plaignit-il. "Quelqu'un, sauvez-moi ! Shion, ait pitié !"
"Tout va bien. Ne bouge pas", dit Shion. "Oh, tiens, tu vois?" Tout ce pus s'est installé à l'intérieur. Je suis surpris que tu pouvais bouger avec ça. Ton pied doit être immunisé à la douleur, engourdi. Okay, ce sera bientôt fini."
"Il est pas engourdi", gémit Inukashi. "Owww, recoud pas ! Ça fait mal !"
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"Pleure pas", dit Nezumi. "Soit un bon garçon. Je vais te récompenser."
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Une douce mélodie s'échappa des lèvres de Nezumi. Cela berçait doucement le coeur d'Inukashi. Pendant un moment, Inukashi était redevenu un enfant, et était bercé dans les bras de quelqu'un. Il se sentait libéré de la peur ou de la souffrance. A la place, il s'endormait paisiblement.
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"En voilà un bon garçon. Ne pense à rien, dors juste. On va te protéger du mieux qu'on peut. On va pas laisser la Faucheuse te voler, quoi qu'il advienne."
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On te protégera du mieux qu'on peut.
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Ce n'était pas un mensonge.
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Ce monde était parsemé de mensonges, mais les mots de Nezumi étaient vrais. Même si tout n'était que fabrication, Inukashi savait qu'il pouvait croire ces mots.
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Inukashi n'en pouvait plus. Ses larmes coulèrent le long de ses joues. Elles continuèrent de couler. Il eut l'impression de couler sous les larmes.
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Batards, vous me faîtes pleurer.
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Inukashi pressa ses poings contre ses yeux, et pleura silencieusement.
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Le ciel dehors était complètement bleu.
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